Troisième Monde : le Cosmos
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Le Quinze, le Diable, est la
première carte du monde métaphysique. Elle représente un être cornu, ailé, aux
attributs sexuels, pénis et seins, apparents, aux pieds duquel se trouvent deux êtres
nus, également cornus, affublés d'une queue et d'oreilles animales, enchaînés et les
mains liées derrière le dos. Le Diable porte ce qui pourrait être une espèce d'épée
dans la main gauche. Il signifie à la fois les liens, les liaisons, et particulièrement
tout ce qui apparaît dans les représentations du monde religieuses comme l'attachement
à la matière, et particulièrement à la chair. Le Quinze est le complément du Six pour
donner Vingt-et-Un. Les cartes représentant plusieurs personnages, et en général un
type de liaison entre des personnages et des symboles, sont assez spécifiques. Le Six,
l'Amoureux, représente un homme hésitant entre deux femmes. Le Quinze représente un
lien puissant. Il est assez curieux de suivre l'évolution du Un, le Bateleur, dans son
passage dans les trois mondes. Si le Un représente une énergie libre et créatrice, une
potentialité, le Huit (Un plus Sept), la Justice, représente à la fois l'énergie du
glaive et l'équilibre de la balance; quant au Quinze, Un plus Quatorze ou Huit plus Sept,
il représente un enchaînement. |
Le Seize, la Maison-Dieu,
représente une tour frappée par la foudre, dont tombent des hommes. Elle est opposée au
Pape, le Cinq. Elle signifie les catastrophes, et principalement la destruction des
espoirs et des illusions. Plus généralement, en correspondance avec les thèmes
religieux, elle signifie la fragilité des constructions humaines. Nous pouvons ici,
également, remarquer les évolutions du Deux, la Papesse, matière, incarnation, dans les
trois mondes : on passe d'une représentation de la matière comme livre, à lire ou à
écrire, à celle de l'étude et de la recherche (l'Ermite), pour en arriver à la
destruction de la matière (la Maison-Dieu). |
Le Dix-Sept, l'Etoile,
représente une jeune fille nue faisant couler une source bleue de deux urnes rouges. Elle
signifie l'espoir, la naissance, la renaissance. Elle s'oppose à l'Empereur.
L'Impératrice signifiait l'esprit, l'aigle, en tant que puissance de génération des
choses. Dans le second monde, elle devient la Roue de Fortune, l'incessante modification
du monde humain. Dans le troisième, elle devient une source. Dans la conception
religieuse, l'esprit, ou Saint-Esprit, que reçoit l'initié à travers le rite du
baptême, n'est pas confondu avec le Créateur. Dans certaines traditions extrémistes, le
Démiurge peut même être considéré comme un être mauvais, une puissance
d'enchaînement telle qu'elle est exprimée par le Diable, mis à la place originelle dans
le troisième monde. A noter qu'à la différence de la Tempérance, équilibrant les
fluides de deux urnes de couleur différentes, l'Etoile indique le sens d'un mouvement,
d'une direction du fluide. Toutes les traditions religieuses originaires de la
Méditerranée orientale, dont nous sommes les héritiers, ont du apporter une réponse au
problème de la division dialectique entre l'Esprit et la Matière, le Bien et le Mal,
Dieu et l'Homme, etc. La réponse traditionnelle est la position d'un troisième terme, de
dépassement, que la tradition chrétienne nommera "Saint-Esprit" ou
"Esprit d'Amour", pour le distinguer de l'Esprit tout court, dont on ne peut
jamais réellement dire s'il est divin ou luciférien, lumineux ou chtonien. |
Le Dix-Huit, la Lune, s'oppose
à l'Impératrice, l'esprit. La Lune représente deux chiens hurlant près d'une mare où
figure une espèce d'écrevisse. Le bleu domine presque exclusivement dans la carte. La
Lune représente les conflits, les rêves, les choses cachées, ce que nous appelons
aujourd'hui l'inconscient. Evidemment, l'existence des rêves et de l'inconscient peut
poser problème à la réalisation de l'Amour Universel. Les occultistes ne pouvaient pas
s'occulter le problème. Ils le résoudront, comme d'habitude, par l'idée d'un
dépassement, d'un passage représenté par le Monde, voire par le Mat. Le Quatre,
l'Empereur, représentait l'ordre des choses incarnées. Le Onze représentait la Force,
la maîtrise des pulsions. Dans le plan métaphysique du troisième monde, ces pulsions ne
sont évidemment pas "pures"; elles s'opposent à l'Amour universel. |
Le Dix-Neuf, le Soleil,
représente à l'inverse l'Amour unissant les hommes. Il ne s'agit pas là, bien sûr,
d'un amour au sens physique, mais du principe d'amour, solaire et divin, considéré comme
le lien entre les humains dans la tradition chrétienne. Il est opposé au Deux, la
Papesse, la matière incarnée. Le Cinq, le Pape, signifiait le pouvoir spirituel, le
pouvoir de liaison. Dans le monde physique et humain de l'incarnation, il est représenté
par le Douze, le Pendu, le sacrifié. Dans la tradition chrétienne, le sacrifice du
Christ est l'acte d'amour suprême; il symbolise la renonciation totale à la matière
donnant accès à l'amour universel désincarné. |
Le Vingt, le Jugement,
représente le Jugement dernier. Un ange lumineux muni d'une trompe fait resurgir des
humains aux mains jointes de leur tombe. Cette carte s'oppose au Un, le Bateleur; elle
symbolise la fin du cycle qui amènera à la dernière carte, le Monde, ou le paradis. Le
Six, l'Amoureux, signifiait le passage à la réalisation concrète, et ses difficultés;
le Treize, la Mort signifiait la limite et la fin du cycle terrestre, le Vingt signifie la
fin du cycle cosmique et la victoire finale de l'Esprit d'Amour. |
Le Monde représente une jeune
femme nue se tenant sur le pied droit, entourée des symboles des quatre symboles
fondamentaux de la tradition : le Taureau symbolisant la Chair ou la matière en bas à
gauche (on retrouve d'ailleurs à peu près la même symbolique dans la Vache taoïste,
mais sans le sens relativement péjoratif qui s'y attache dans la tradition chrétienne),
le Lion symbolisant l'Humain, mixte de chair et d'esprit (on retrouve ce symbole dans le
Onze, la Force) en bas à droite, l'Ange représentant l'âme humaine individuelle en haut
à gauche et l'Aigle représentant l'Esprit cosmique en haut à droite. Le Monde
représente l'union de tous les contraires, l'harmonie universelle, la chair ressuscitée,
lavée de ses péchés et spiritualisée, la Paix et l'Amour universels, l'Or des
Philosophes, le Grand Oeuvre, le Paradis, la réalisation de tous les dépassements, la
synthèse finale. |